La Municipalité de Dammarie-sur-Loing a entrepris, notamment à travers une exposition à l'automne, de solliciter la mémoire des habitants (contactez-nous !) et de ressusciter le souvenir illustre de Marcel Boussac, mort dans notre commune, le 21 mars 1980, dans son château de Mivoisin. Introduction :
Un fief qui perdure
Grand capitaine d'industrie ? Roi des courses de chevaux ? Patron de presse influent sur le terrain politique ? Chatelain chasseur et propriétaire terrien ? Les facettes ne manquent pas.
Marcel Boussac (1889-1980) a constitué à partir de 1919, autour de son château de Mivoisin, à Dammarie-sur-Loing (45), un domaine de plus de 3800 hectares qui lui a survécu. Racheté et géré discrètement, efficacement et intelligemment de nos jours par la famille Schlumberger-Seydoux, le domaine reste une des plus grandes chasses et l'une des plus grandes propriétés agricoles d'Europe. Visitons la fabuleuse histoire de ce domaine et de son créateur qui a profondément marqué l'histoire, la géographie, la politique et l'économie, pas seulement locales.
Marcel Boussac a 3 ans quand sa mère quitte son mari pour partir avec le poète Catulle Mendès. Après de brèves études, il travaille avec son père, drapier à Châteauroux. Il a déjà de l'argent quand il "monte à Paris". En 1910, il y innove en lançant pour les habits féminins, la mode de tissus de couleurs vives qu'il se procure auprès des filatures des Vosges.
Le succès est au rendez-vous : il achète sa première Rolls en 1913 et possède son premier cheval en 1914.
Un tissu d'habiletés
Pendant la Première Guerre mondiale, qu'il fait à l'arrière, il se lance dans l'importation du coton, la vente de tissu à l'armée, la fabrication de masques à gaz et de toile de parachute, grâce à l'usine qu'il a achetée à Nomexy, dans les Vosges.
En 1917, avec des politiques et des financiers, il fonde le Comptoir de l'industrie cotonnière. Il rachète douze usines dans les Vosges et une gigantesque filature en Pologne. Avec ses surplus de tissu militaire, il créée une ligne de vêtements réputés inusables vendus dans ses magasins " À la toile d'avion". C'est la fortune.
Il achète le château de Mivoisin en 1919 et continue à étendre ses domaines…
Marcel Boussac profite de la crise de 1929 pour racheter à vil prix des entreprises textiles en faillite. Il multiplie et soigne déjà les amitiés politiques tous azimuts : à Clémenceau ont succédé Pierre-Étienne Flandin, Léon Blum, Georges Bonnet, Vincent Auriol…
Il invente les chemises à carreaux et les pyjamas.
Il dirige alors la première entreprise textile de France et triomphe également sur les champs de course qui le passionnent, en France puis en Grande Bretagne. Casaque orange, toque grise, les chevaux de ses haras normands de Fresnay-le-Buffart multiplient les victoires dans la course du Jockey-Club.
Il devient ainsi le premier roturier président de la Société hippique d'encouragement.
En 1939, il épouse la cantatrice belge Fanny Heldy, qu'il aime et courtise à l'Opéra depuis la Première guerre mondiale.
Il poursuit sa production pendant la Seconde Guerre mais a moins de débouchés. Il accumule les stocks qu'il écoulera à son plus grand profit à la Libération.
Il achète pendant la guerre le haras de Jardy, près de Versailles, puis l'hippodrome de Saint-Cloud.
À la Libération, où malgré quelques amitiés allemandes ou vichyssoises il parviendra à ne pas être inquiété (il est vrai qu'il avait continué à payer ses ouvriers prisonniers de guerre ou déportés), il lance le couturier Christian Dior et sa mode "new look" qui va triompher en France comme aux USA.
Industrie et politique, diversifications réussies
Il se diversifie en fabriquant les premières machines à laver françaises avec la marque Bendix, dont il équipe en priorité ses ouvrières. Nouveau triomphe. En 1952, il réalise le quart de la production française.
Il se lance aussi dans l'immobilier et la presse en contrôlant l'Aurore, qui fait passer ses idées très conservatrices, puis en achetant Paris-Turf.
Au début des années 1950, l'écurie Boussac possède plus de trois cents chevaux dont les plus grands cracks.
Marcel Boussac est alors à l'apogée de sa carrière et de sa fortune. Il emploie 25 000 personnes dans soixante-cinq usines. En 1952, le magazine américain Fortune, estime ses biens à 150 millions de dollars.
Il gère son empire opaque de 70 sociétés et de 52 usines en solitaire et souvent en secret.
Il ne brigue pas de mandat parlementaire, mais joue un rôle politique occulte important auprès des présidents Auriol et Coty, ainsi que des ministres et présidents du Conseil Antoine Pinay, Joseph Laniel, Guy Mollet, Edgar Faure, Maurice Bourgès-Maunoury, Jacques Chaban-Delmas… Beaucoup seront ses invités aux chasses de Mivoisin ou à Deauville. Il rencontre aussi, en 1949, le président des USA Harry Truman tout comme, en 1959, le soviétique Nikita Khrouchtchev.
Marcel Boussac et la reine Elisabeth
Plus dure sera la chute
Les premières difficultés apparaissent à la fin des années 1950. La décolonisation ferme certains débouchés, les textiles synthétiques apparaissent, les goûts vestimentaires changent, le tiers monde fabrique à bas prix… Qui plus est, De Gaulle, de retour au pouvoir, apprécie peu Boussac… et réciproquement. L'Algérie française, soutenue par son quotidien l'Aurore les divisera à l'extrême.
Dans les années 1960, le déclin s'enclenche, notamment parce que Boussac refuse de délocaliser sa production et néglige les textiles synthétiques.
Bendix coule aussi et est liquidée en 1970.
Même les chevaux ne sont plus de grands champions.
Il faut vendre les parfums Dior,
Le patron paternaliste à qui tout réussissait a perdu la main, s'entête, s'enferme, ne comprend pas.
Il doit licencier mais, pour garder ceux qui ont toujours fait confiance à « M. Marcel », il préfère puiser dans sa fortune personnelle pour boucher les trous.
La mort de sa femme, en 1973, achève de le désemparer.
La direction de l'entreprise passe à son neveu Jean-Claude Boussac, mais nul redressement n'est plus possible, y compris avec le soutien des banques et des pouvoirs publics.
Fin 1977, Marcel éconduit Jean-Claude. L'État et les banques cessent leurs concours.
Le 30 mai 1978, le tribunal de commerce de Paris prononce la mise en règlement judiciaire de l'ensemble du groupe.
Après bien des hésitations, le tribunal de commerce désigne comme repreneur son concurent le groupe Agache-Willot mais, peu après, le groupe est mis en liquidation. Les frères Willot en profitent pour racheter à vil prix le peu d'actifs intéressants qui restaient.
En dix ans, Marcel Boussac aura injecté un milliard de francs (1.500.000 €) dans son groupe, sans pouvoir le sauver.
Il lui restait, à son décès, une rente annuelle de 300.000 €, la jouissance de sa propriété de Deauville, d'un appartement à Neuilly et du château de Mivoisin, où il est mort, à 91 ans, le 21 mars 1980.
L'aventure continue
A l'origine de la fortune de la famille Seydoux qui lui est liée par alliance, la famille alsacienne des Schlumberger a bâti la société multinationale prospère dans le domaine des forages pétroliers qui porte son nom. C'est elle qui possède aujourd'hui la société anonyme de Mivoisin. Le domaine avait été racheté aux Willot, en 1984, dans des circonstances rocambolesques, par le repreneur de leurs activités, le milliardaire Bernard Arnault.
En pointe sur les méthodes de culture, elle n'emploie qu'une trentaine de salariés, réalise plus de 1.500.000 € de chiffre d'affaires et est la troisième exploitation agricole européenne pour le montant des subventions perçues. Elle a beaucoup investi, dans la dernière période, du côté des bio-carburants. L'aventure agro-industrielle continue…
Pour tout témoignange ou contribution à l'exposition en préparation, contactez Jean-Dominique Delaveau, conseiller municipal ou votre blog : [email protected]
Sources principales de cet article : "La fortune de monsieur BOUSSAC", article de Laurent GREILSAMER paru dans Le Monde du 12 juillet 2004 et l'article sur Marcel BOUSSAC, de Jean-Claude MAITROT, dans l'Encyclopaedia Universalis, 2006.
Bonjour
Juste un grand moment d'émotion en vous lisant.
Mon papa Marius Hodeau faisait le pain, pour monsieur Marcel et lui livrait au château de Mivoisin. Nous étions en 1951
HODEAU Denise
Rédigé par : HODEAU DENISE | 08 juin 2019 à 18:12
Monsieur madame
Je m appelle catherine gaillard j ai 59 ans je suis née à Châtillon-Coligny j aimerais savoir si dans les années 60 70 il existait une bourse boussac qui consistait à offrir des vêtements aux enfants de familles modestes .merci de bien vouloir me répondre à mon adresse mail .cordialement. . Madame gaillard .
Rédigé par : Gaillard catherine | 31 janvier 2019 à 14:50
Je suis la nièce de Charles Nungesser , je recherche une personne qui a un lien de famille avec Mr. Marcel Boussac , j'étais mannequin de Mr. Dior et engagée aussi mannequin pour les imperméables blizzand Boussac ( j'en ai conservé 2 )
j'ai une école de mannequins en Suisse depuis 40 ans .
J'aimerais retrouver Jean-Claude Boussac le neveu de Marcel Boussac ? Geneviève de MARCY
Rédigé par : geneviève de Marcy | 18 novembre 2016 à 13:58
Qu'est devenu Jean Claude BOUSSAC?
Rédigé par : de CACQUERAY | 13 février 2015 à 18:14
Il etait propriétaire également d'un petit haras très coquet dans l'Orne "Fresnay le Buffard"qui dans appartient maintenant à la famille Niarcos.
Rédigé par : Gondouin Catherine | 27 novembre 2012 à 14:58